Maman chérie

Avec Vous, pensant à quelques mots qui m’ont surpris à leur relecture, et connaissant le choix qui fut vôtre d’une vie cachée, humble, secrète, perdue en Dieu, je voudrais les mieux comprendre.

Notre Confrérie possède une double devise : l’une est empruntée à saint Louis-Marie Grignion de Montfort: Jésus par Marie », l’autre est liée aux apparitions dont vous avez bien voulu faire bénéficier une jeune fille, Estelle Faguette, qui était à l’article de la mort et que vous avez guérie miraculeusement comme cela a été reconnu. Ceci s’est passé dans un petit village de l’Indre, Pellevoisin, en 1876.

Publier « votre gloire »:

Voilà la mission que vous avez donnée à la jeune Estelle qui n’avait alors que trente-deux ans et qui devait vivre très âgée; c’était un mot d’ordre, un commandement sans appel, une obligation dont elle s’acquitta et qui devait remplir sa vie.

La gloire pour nous s’accompagne du faste, du luxe, de la magnificence : la pauvreté fut votre lot de la crèche de Bethléem à la vie humble de la petite maison de Nazareth jusqu’à vos derniers jours près de Jean, entre les murs de votre refuge d’Ephèse. Le désir de la renommée et des honneurs furent toujours très loin de vous; Jésus lui-même alors qu’il était ce prophète réputé, assailli par les foules ne répondit-il pas à votre demande de le rencontrer: «Ma Mère et mes frères sont ceux qui font la volonté de mon Père. » Ne vous a-t-il pas, à ce moment, écarté de sa route que frôlait la gloire terrestre?

Mais, nous le savons bien, cette sorte de poursuite aurait été à l’opposé de votre attitude intérieure. Vous avez et, depuis toujours, opté pour une recherche de richesse intérieure incompatible avec la soif de gloire.

Cependant, à Pellevoisin, vous allez au-delà de la simple exaltation de vos mérites ; vous dites: « Je suis toute miséricordieuse et maîtresse de mon Fils. » Vous affirmez ainsi sans restriction votre pouvoir sur le coeur, la volonté de votre Fils. « Mon Fils se laissera toucher »… «  Mon Fils ne sait rien me refuser. » C’est bien Lui qui permettra le miracle mais celui-ci est obtenu par votre intercession. La guérison d’Estelle devrait-elle être à l’origine d’une action médiatique? A cette dernière, inquiètecar consciente de ses limites, vous affirmez : « Où tu es, tu peux faire beaucoup de bien et tu peux publier ma gloire… Je t’ai choisie pour publier ma gloire et répandre cette dévotion. ( le port du scapulaire)… je choisis les petits et les humbles. »

Pardonnez-moi ces phrases qui sont comme déplacées et outrageantes quand on sait l’étendue de votre tendresse, l’amour sans limites de Jésus à votre égard.

Il faut revenir au pied de la Croix. Jésus est là seul avec vous et Jean. La populace hurlante l’entoure mais ne fait pas partie de votre cercle où le divin est à l’oeuvre. Il endure l’épouvantable douleur d’une mort ignominieuse. Dans sa prière au Père, il lui a demandé « de le glorifier pour que lui-même le glorifie. » Dans son Amour et dans la volonté d’obéissance à son Père, votre Fils, Le Fils bien-aimé du Père, en qui celui-ci « a mis toutes ses complaisances » lutte pour sauver les hommes en glorifiant le Père.

Vous êtes à ses côtés, tout à fait silencieuse, labourée comme lui par la souffrance, glorifiant le Père dans l’intensité de votre foi sans faille. Vous n’êtes plus qu’un, Vous et Lui, un même brasier d’amour. Le glaive qui perce son coeur transperce votre âme. Cette dernière place près du condamné, vous La revendiquiez comme vous revenant de droit. Encore quelques jours et Jésus pénétrera dans son Ciel de Gloire, encore quelques années et dans la paix de votre Dormition, vous irez le retrouver dans la béatitude sans fin des bienheureux.

En disant votre Magnificat vous chantiez déjà:

« Le Seigneur fit pour moi des merveiIIes,.. Tous les âges me diront bienheureuse »

N’est-il pas écrit dans le livre de l’Apocalypse, et on peut penser que cela vous concerne: « Un signe grandiose apparut dans le ciel, c’est une femme. Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête (AJp_ 12,1)

« Publier votre Gloire »

C’est annoncer la victoire définitive sur les forces du mal de la vérité, de la beauté, de La bonté,

C’est Vous couronner comme Reine de l’Univers,

C’est Vous reconnaître comme « l’aqueduc » des grâces, le puissant intercesseur,

Tout cela fut gagné au long de votre vie terrestre depuis le fiat de Nazareth jusqu’à celui du Calvaire, par vos mérites puisés dans le coeur de Dieu.

Vous nous montrez la route à suive pour que, nous aussi, nous atteignions la gloire du Ciel, pour que, nous aussi, nous connaissions la béatitude éternelle.

Votre Gloire, c’est celle de votre Fils,

Votre Gloire, c’est d’adhérer à la volonté de la Très Sainte Trinité, 

Votre Gloire, ce sont vos enfants parvenus â la sainteté et que vous avez accueillis dans la Patrie céleste,

Votre Gloire, c’est de conduire les âmes encore en pèlerinage sur la terre auprès du Rédempteur.

Vous nous demandez de collaborer et vos conseils sont ceux prodigués à Pellevoisin : mettre nos paroles en conformité avec nos actes, être simple, être calme : la simplicité nous conduira à l’unité de nous-mêmes, le calme à la contemplation du divin.

Vous dirigez notre regard vers ce Ciel qui est en nous si proche et si lointain et que nous comprenons si mal

Vous avez lu la lettre qu’Estelle Faguette déposa dans la grotte, réplique à Pellevoisin de celle de Lourdes, pour que vous en preniez connaissance. Bien souvent les pèlerins de passage renouvellent ce geste et vous écrivent quelques mots. Vous les lisez tous et surtout dans les cœurs.

Nous faisons partie des petits que vous affectionnez. Ayez la bonté de nous accepter.

Que ce petit message que nous vous adressons aujourd’hui traduise notre volonté de « publier votre gloire. » et qu’il vous dise tout notre amour.

Ave Maria

Françoise Fricoteaux